Histoire de la peinture impressionniste 2/2

Publié le par Clément Serniclay

Suite et fin de l'histoire de l'impressionnisme. Première partie ici

 

III) Dissensions et séparations. (1879-1886)

 

 

5e exposition de groupe (1880)

Une cinquième exposition du groupe a lieu en 1880 en l’absence de Renoir, Sisley, Cézanne et Monet. Ce n’est plus à proprement parler une manifestation impressionniste. L’exposition est appelée, sur le conseil de Degas, « exposition des artistes indépendants ». On y trouve moins de visiteurs que d’habitude. Encore une fois, les critiques sont globalement négatives. Mais maintenant c’est l’indifférence qui règne, plutôt que la réprobation. Les critiques positives commencent, comme Duranty en 1879, par distinguer les véritables impressionnistes des autres. Armand Silvestre explique par exemple que Pissarro est resté fidèle à l’impressionnisme. Huysmans fait un long article mais peu intéressant selon Rewald, qui pense qu’il ne comprend pas les peintres. (p. 261-262)

L’impressionnisme ne dirige plus l’exposition de groupe, est mal compris par Huysmans, est mis en question dans sa signification par Redon, est de nouveau mal perçu au Salon. Au Salon de Paris justement, « Débâcle sur la Seine » (1880) de Monet est refusé. Les deux tableaux de Renoir sont acceptés, mais une seule est impressionniste à proprement parler. Manet présente un portrait, « Chez le Père Lathuille », assez conventionnel selon Rewald (p. 262). Sisley n’est pas représenté. Le jury envisage d’attribuer une médaille de 2nde classe à Manet puis change d’avis, à la grande déception de Manet, alors malade. Les tableaux de Monet et de Renoir sont très mal accrochés et ils s’en plaignent par lettre au ministre des Beaux-Arts. Cette lettre est envoyée en copie à Cézanne pour qu’il la fasse suivre à Zola qui aurait pu la publier. Finalement Zola publie une série de trois articles sous le titre « Le naturalisme au Salon », mais cela ne correspond pas tout à fait aux attentes des deux peintres.

Zola, s’imposant de plus en plus comme écrivain, est de plus en plus convaincu de la mission universelle du « Naturalisme ». Il ne peut s’empêcher de comparer leurs efforts à son succès. Selon lui, les impressionnistes n’ont pas échoué parce que le public est aveugle – étant donné que ce même public et même des critiques s’opposant à l’impressionnisme comme Albert Wolff ont de l’estime pour ses romans – mais parce qu’ils n’ont pas encore trouvé une forme d’expression valable. Cette opinion marque un comportement de délaissement de Zola envers ses anciens amis. Il affirme que seul Degas tire profit de cette exposition, ce qui est dû à son talent. Avec Manet, Zola s’accorde à dire que le combat pour la reconnaissance dans le Salon doit se poursuivre.

Dans « La vie moderne », un reporter demande à Monet si ce dernier est toujours impressionniste. Monet répond que oui, bien sûr, et qu’il le restera, mais qu’il voit désormais peu ses collègues. Il explique que la petite communauté est maintenant devenue une banale école qui ouvre ses portes au premier lécheur de couleurs, ce qui constitue un retournement de veste de la part de quelqu’un qui a beaucoup critiqué le Salon pour finalement le rejoindre, même si c’est pour des raisons compréhensibles. Concernant les « lécheurs de couleurs », on ne sait pas s’il pense à Raffaëlli ou à Gauguin, mais une chose est sûre, c’est que ça ne contribue pas à améliorer ses relations avec les autres.

Dans ces conditions tendues, après les discussions plus ou moins vives qui avaient accompagné la cinquième exposition de groupe et avec la séparation entre les « impressionnistes » et les « indépendants », il ne reste plus que deux hommes qui sont voués corps et âme à la cause : Pissarro et Caillebotte. Mais entre eux aussi surgissent des divergences d’opinion, lorsqu’en janvier 1881 ils discutent de la possibilité d’une nouvelle exposition. Caillebotte est furieux contre les manières de Degas d’imposer ses amis aux autres. De plus, il s’énerve à propos de ses contributions ridicules aux expositions. Il se sent offensé par la manière avec laquelle Degas passe en jugement Monet et Renoir à l’occasion de leur participation au Salon. Il explique son point de vue à Pissarro dans une longue lettre. Selon Caillebotte, il faut continuer et ceci dans une direction artistique, dans l’intérêt de tous. Il propose alors de faire une exposition à laquelle peuvent participer tous ceux qui ont un intérêt véritable à l’affaire, c’est-à-dire : Pissarro, Monet, Renoir, Sisley, Morisot, Cassatt, Cézanne, Guillaumin et éventuellement Gauguin, Frédéric Cordey et Caillebotte lui-même. Et ce serait tout, car Degas refuserait une telle manifestation. Selon Caillebotte, Degas est source de division et s’il veut participer, il doit le faire sans ses amis, excepté Rouart et Charles Tillot. Pissarro, de son côté, ne veut pas s’opposer à Degas qui est certes terrible, mais sincère et droit. Degas a souvent aidé Pissarro dans les temps difficiles, notamment du point de vue financier. Caillebotte pense alors qu’une exposition cette année-là, en 1881, n’est pas possible ; il ne veut pas en tout cas répéter l’année précédente qui a été un grand échec. (p. 263-264)

 

            6e exposition – 1881

La sixième exposition a finalement lieu, malgré les chances qui semblaient maigres et l’absence de Monet, Renoir, Sisley, Cézanne et désormais Caillebotte. En 1881, on peut distinguer clairement deux catégories à l’exposition : une avec Pissarro, Morisot, Guillaumin, Gauguin et Vignon et une autre avec Degas, Cassatt, Forain, Raffaëlli, Rouart, Tillot, Vidal et Zandomeneghi. Le 3e groupe, dirons nous, se compose de ceux qui essayent d’exposer au Salon : Monet, Renoir, Sisley et Cézanne.

Zola et Duranty (mort en 1880) semblent avoir eu raison dans l’affirmation selon laquelle le véritable groupe des impressionnistes n’est plus réuni. Les critiques s’opposant à cette exposition soulignent que le groupe n’est pas complet et s’étonnent de ne plus voir Monet, Renoir, Sisley et Caillebotte. Les critiques positives s’adressent notamment à Pissarro ainsi qu’à Mary Cassatt. Degas présente des statuettes de danseuses qui ne sont pas appréciées. La majorité des jugements estiment que cette exposition n’apporte rien de nouveau. Pour le critique Wolff, tout se ressemble, mais dans les cinq peintres qu’il cite, Renoir, Monet, Sisley, Caillebotte et Pissarro, seul ce dernier fait partie de l’exposition. Huysmans écrit une critique très positive. Il estime que l’impressionnisme est arrivé à maturité. Il aime beaucoup les statuettes de Degas, loue Guillaumin et Gauguin, ce qui le mène presque à l’exagération selon Rewald (p. 266).

 

Concernant le Salon de Paris de 1881, le règlement pour les expositions officielles est modifié. Désormais, il ne dépend plus de l’Etat. Chaque artiste dont une œuvre a été accepté peut prendre part au choix du jury, ce qui a pour conséquence une plus grande ouverture. Bien que le jury soit plus libérale, Manet atteint avec peine le nombre de voix nécessaires pour une médaille de 2nde classe. Cependant, il a un peu plus tard l’agréable surprise de voir son ami Antonin Proust devenir ministre des Beaux-Arts qui le propose pour la légion d’honneur, que Manet reçoit le 1er janvier 1882.

Un fait important est que Durand-Ruel a dépassé la crise de 1873 et donc revient dans les affaires. Il peut de nouveau aider les peintres impressionnistes et achète notamment des œuvres de Sisley qui est celui qui a le plus de difficultés financières et le moins de succès artistique. À partir de 1881, il achète régulièrement des tableaux de Monet, Pissarro, Renoir et Degas.

Aux succès de Gauguin et de Pissarro à la 6e exposition indépendante correspondent ceux de Manet et de Renoir au Salon, où les épigones de l’impressionnisme donnent désormais le ton (p. 268).

Ensuite, Renoir va en Italie, de Capri à Palerme où il voit « Parsifal » et peint le 15 janvier 1882 le portrait de Wagner qui pose 25 minutes pour lui. Wagner s’intéresse peu au tableau, tient des propos antisémites et a peu d’estime pour les Français qui sont selon lui prétentieux et arrogants. Nous y reviendrons, car ce voyage amène Renoir à se remettre en cause artistiquement.

 

La 7e exposition impressionniste de 1882

Caillebotte envoie une lettre à Renoir pour participer à la septième exposition impressionniste (qui a lieu en 1882). Caillebotte se prépare à cette nouvelle exposition. De nouvelles tensions surgissent avec Degas, qui ne veut pas se séparer de Raffaëlli. Par conséquent, Gauguin déclare à Caillebotte dans une lettre que dans les conditions délétères créées par Degas, il préfère ne pas participer et pense que Guillaumin est sur la même longueur d’onde. Comme impressionniste, Caillebotte serait alors seul avec Morisot. Et Caillebotte ne peut pas donner tort à Gauguin. Par conséquent, Pissarro se vit contraint d’accepter les conditions posées par Caillebotte et Gauguin et donc de se passer de Degas afin de faire tenir le vieux groupe impressionniste. Caillebotte propose alors de faire l’exposition avec Pissarro, Monet, Renoir, Cézanne, Sisley, Morisot, Gauguin et lui-même, et peut-être Mary Cassatt, si elle accepte de participer sans Degas. Sinon, à part Cézanne, tous les autres y participeront.

Toutefois, à l’origine, Monet et Renoir ne sont pas enthousiastes et Caillebotte est près d’abandonner son projet. Mais Durand-Ruel entre en jeu. Il a un intérêt personnel à l’affaire et est décidé à ne pas laisser tomber. Renoir est favorable à Durand-Ruel mais ne veut pas participer, il a l’impression de servir de bouche-trou alors qu’on organise l’exposition sans lui et qu’il n’a pas été invité aux trois dernières. Finalement il voit d’un bon œil une exposition avec les « anciens ». Mais il n’a pas confiance en Gauguin et en Pissarro et n’aime pas leurs opinions politiques révolutionnaires. De plus, Renoir et Monet veulent une exposition d’impressionnistes, pas d’ « indépendants ». Par ailleurs Monet n’est pas favorable à Caillebotte. Monet accepte à la condition que Renoir accepte également, ce qu’il fait. Morisot accepte aussi de participer, mais elle reste dans le sud de la France le temps de l’exposition. Degas refuse, ses amis étant exclus. Il est suivi par Cassatt. C’est la même chose pour Rouart, bien qu’il ait avancé 6000 Frs pour les locations. Manet refuse de participer, vraisemblablement après de nombreuses hésitations. L’exposition commence le 1er mars 1882. C’est la première fois qu’une exposition impressionniste est aussi unitaire. La presse est moins agressive que d’habitude. Les critiques positives sont plus nombreuses et de nouveaux acheteurs apparaissent.

 

Manet, désormais « Hors Concours », expose au Salon en 1882 « Bar aux Folies Bergère », ce qui provoque une nouvelle fois l’incompréhension du public. Il est gravement malade et meurt le 30 avril 1883. Son élève Eva Gonzalès meurt le 5 mai, à l’âge de 34 ans. Après la mort de Manet, le prix de ses tableaux augmente et moins d’un an après, une exposition commémorative est mise en place. Les peintres officiels se pressent pour s’assurer une part de la gloire montante de Manet. Pissarro suit cette évolution avec tristesse et amertume. (p. 278) Les 4 et 5 mai 1884, après l’exposition commémorative a lieu une vente aux enchères des œuvres de Manet : cela va au-delà de toute espérance, la somme totale des ventes atteignant 116 637 Frs. Le critique Wolff reste sceptique à propos de ce succès.

 

En 1883, Durand-Ruel expose les impressionnistes à Londres avec un certain succès. Toutefois ces derniers ont de nouvelles difficultés financières, en particulier Monet. Renoir est allé en Italie, comme nous l’avons signalé et il y a vu les œuvres de Raphaël et les fresques de Pompeï. Il se remet cause. Il se demande s’il n’a pas trop délaissé le dessin. Il fait alors les « Baigneuses » qu’il termine en 1887. Avec ce tableau, il s’éloigne de l’impressionnisme et rouvre le lien avec le 18e siècle. Monet, comme Renoir, est insatisfait de son travail. Ils vont ensemble sur la Côte d’Azur. Toutefois, ils constatent que leurs directions artistiques divergent. L’éloignement de nombreux artistes de Paris, et par conséquence le peu de contacts entre eux, semble être décisif pour le développement de la suite. Gauguin, déçu par la non organisation d’une exposition impressionniste en 1884, rejoint sa femme partie au Danemark, en ayant assez de Rouen. Il arrive à Copenhague début décembre. En Allemagne, l’écrivain Georg Brandes, de nationalité danoise voit les premiers tableaux impressionnistes. Wolff se met subitement à prendre de manière chauvine les peintres français sous sa protection. Monet est appelé à participer à l’Exposition Internationale. Morisot peint « Dans la salle à manger ».[1]

À l’étranger l’accueil est mauvais. Les impressionnistes restent méconnus. Concernant Gauguin, il lui est impossible de se faire connaître au Danemark. Il n’y gagne pas d’argent. Quand l’été arrive, la situation devient insoutenable et il décide finalement de retourner en France. il part avec un fils et laisse le reste de sa famille sur place.

Au début de l’année 1884, il y a des remous dans le monde l’art à Paris. Le jury du Salon essaie de réprimer toute direction non conventionnelle. Par conséquent, des centaines de peintres refusés fondent un « Groupe d’artistes indépendants » qui deviendra ensuite la « Société des Artistes Indépendants »[2]. Ainsi ils reprennent, consciemment ou non, le nom sous lequel les impressionnistes ont exposé. Mais le groupe n’est pas homogène et ne trouve pas d’accord interne. Ils accueillent tous ceux qui le veulent. Ils font une première exposition le 15 mai 1884. Parmi les artistes présents, il n’y a pas seulement les refusés du Salon, mais aussi beaucoup d’artistes qui n’ont jamais rien envoyé au Salon. Paul Signac, cofondateur et président de la Société des Artistes Indépendants, et Georges Seurat développent une grande amitié. En décembre 1884 a lieu la première exposition de la nouvelle Société (différente donc du groupe connu comme celui des impressionnistes). Seurat réalise le tableau « Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte »[3] (1884-1886), qui sort du cadre impressionniste pour employer une nouvelle technique, le pointillisme, qualifiée aussi un temps de néo-impressionnisme. Ensuite, cette société manque d’argent et il n’y a pas d’exposition d’indépendants en 1885. Signac et Pissarro se rencontrent dans l’atelier de Guillaumin. Pissarro découvre quelque chose de nouveau et se consacre par la suite au pointillisme.

Fin 1885, il est envisagé de faire une nouvelle exposition « impressionniste ». Pissarro contacte Monet. Il voudrait que le groupe s’élargisse un peu. En somme, il veut introduire du sang neuf avec Seurat et Signac dans ce groupe devenu fatigué.

 

1886, 8e et dernière exposition de groupe

Berthe Morisot et Eugène Manet (le frère du peintre décédé) cherchent leurs camarades pour monter une nouvelle exposition, comme Pissarro a déjà fait avec Monet et Cassatt. Degas propose que l’exposition ait lieu du 15 mai au 15 juin, soit en même temps que le Salon, ce qui paraît absurde aux autres. Des négociations ont lieu pour exposer « La Grande Jatte » de Seurat. Des problèmes surgissent à ce propos entre Eugène Manet et Pissarro. Finalement, il est décidé que Seurat, Signac et Lucien Pissarro (le fils de Camille Pissarro) exposent dans une salle à part. Durand-Ruel prépare l’exposition des « Impressionnistes de Paris » à New York, tandis que le groupe renonce au terme d’impressionniste et écrit « 8e exposition de tableaux ». Conformément à la proposition de Degas, l’exposition a finalement lieu du 15 mai au 15 juin. Du point de vue impressionniste, l’exposition est représentée seulement par Morisot, Guillaumin et Gauguin. Pissarro n’est plus considéré comme impressionniste étant donné qu’il s’adonne désormais à la technique pointilliste. Degas choque avec ses représentations de femmes se lavant, mais Huysmans écrit des critiques positives, il pense que Degas démythifie la femme. Les tableaux de Seurat et de ses amis sont souvent moqués. Le problème pour Seurat, Signac et Pissarro est que ni le public ni les critiques ne les différencient vraiment. Il s’agit d’un nouveau style et les différences sont fines. Selon les critiques, on a là la destruction de l’originalité du peintre.

Durand-Ruel rentre des USA. Selon lui, il y a de quoi faire des affaires en Amérique. Une très bonne critique est publiée au New York Daily Tribune (p. 310-311) mais le public n’est pas aussi enthousiaste que les « connaisseurs ». The Sun est très négatif, mais c’est un cas particulier. De manière générale, les critiques essaient de comprendre cette peinture. Des toiles sont achetées, l’exposition de Durand-Ruel est prolongée un mois.

En France, le critique Fénéon est positif. Il aime particulièrement Seurat et sa « Grande Jatte », tableau qui selon lui dépasse l’impressionnisme, ainsi que Degas. Mais tout n’est pas positif. Fénéon propose le terme de « néo-impressionnistes » pour Seurat et Signac.

Finalement Pissarro se sépare du vieux groupe. En même temps Zola publie en 1886 L’Œuvre. C’est l’histoire d’un peintre raté qui se suicide. On sait maintenant que Zola s’est servi de Manet et de Cézanne comme modèles. Cézanne se reconnaît[4] (Zola lui envoie le livre) et rompt définitivement avec Zola. Monet comprend aussi l’enjeu de ce roman et dans une lettre très polie à Zola où il le remercie d’avoir envoyé le livre, lui dit clairement qu’on y reconnaît Manet et que ça peut servir aux adversaires des impressionnistes. Suite à cet incident, Monet, Pissarro et Renoir prendront leurs distances avec Zola. Finalement, Selon Rewald, Zola méconnaît la signification du but que s’étaient assignés Cézanne et ses amis, de plus il perd le sentiment d’appartenance au groupe. De sa confortable maison à Médan, il jugeait ses amis avec les mêmes préjugés bourgeois que ceux qu’il avait combattu avec eux. (P. 313-314)

Cézanne se marie ensuite et son père meurt en 1888. Il hérite ce qui lui permet de ne plus avoir de problèmes financiers. Il continue à mener une vie modeste et garde quelques amis comme Pissarro, Renoir, Chocquet. Il n’est cependant pas d’accord avec l’évolution de la peinture de Pissarro. Gauguin, à la manière de Cézanne, s’isole pour mieux travailler.

Vincent Van Gogh de son côté va à Paris et veut voir les tableaux des impressionnistes dont son frère Theo lui a parlé par lettre. Il est déçu mais changera d’avis par la suite. Theo présente Vincent à Pissarro. Van Gogh sera influencé par Pissarro et la technique impressionniste, alors qu’il peignait plutôt avec des couleurs très sombres. À Asnières il travaille avec Signac et rend souvent visite à Guillaumin. Gauguin et Cézanne font connaissance avec Van Gogh. Gauguin se met à éviter Pissarro et se tourne vers Degas. Pissarro, qui avait déjà vu beaucoup de disputes parmi les vieux impressionnistes, est le témoin de la même intolérance chez les jeunes.

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

 

            Les grandes difficultés que les impressionnistes ont eu pour imposer leur style et que nous ont avons eu tout au long de ce travail contrastent avec la reconnaissance dont ils jouissent maintenant. Ainsi le renommé Musée d’Orsay de Paris contient une collection impressionnante des peintres impressionnistes et post-impressionnistes, soit la plus grande du monde, avec de nombreux tableaux et pastels de Monet, Manet (dont « L’Olympia », tableau tant décrié à son époque, en 1863), Pissarro, Renoir, Degas, Morisot, etc. À l’étranger aussi, alors que ce courant pictural a eu des difficultés à s’imposer comme on l’a vu par exemple avec les voyages de Durand-Ruel au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, le Metropolitan museum of Art de New York est connu pour son importante collection impressionniste. Toute exposition de tableaux impressionnistes est un succès garanti, comme ce fut par exemple le cas à Vienne lors de l’exposition temporaire consacrée aux impressionnistes du 11 septembre 2009 au 14 février 2010, prolongée grâce au grand succès.[5] Il ne s’agit que de quelques exemples éparses d’un succès international incontestable. Admirer la peinture impressionniste serait maintenant presque, pourrait-on dire, un lieu commun.

Du point de vue artistique, les impressionnistes ont marqué leur temps, mais on aussi permis d’ouvrir de nouvelles perspectives. Ainsi, s’ils ont su convaincre lentement et sûrement leurs contemporains et faire adhérer de nouveaux peintres à leur nouvelle façon de peindre. Ils ont aussi permis à d’autres courants de naître, courants qui sont certes autonomes, mais qui sont issus ou en tout cas indéniablement marqués par l’impressionnisme, tels que le pointillisme, le post-impressionnisme, le divisionnisme, le fauvisme, ce qui rassemble par ailleurs de grands peintres comme Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Seurat, Signac et son élève Matisse.

L’impressionnisme a su imposer une nouvelle vision de la peinture en s’opposant plus ou moins directement à l’art officiel proche du pouvoir, en l’occurrence le Salon de Paris, et ainsi à permettre à la peinture de devenir un champ autonome, instaurant ses propres règles indépendamment du pouvoir politique, pour paraphraser l’analyse de P. Bourdieu a propos du champ littéraire à l’époque de Flaubert dans Les Règles de l’art.

 

 

 

 

 


ANNEXES

 

 

Annexe 1 : Chronologie

 

1855-1859 : Exposition universelle de Paris de 1855. Arrivé de Pissarro en France.

                       Un art français dominé par l’Académie des Beaux-Arts et le Salon de Paris

 

1859-1861 : Quelques liens se tissent, Monet et Boudin ; Manet et Degas

                       Des lieux de formation : L’Académie Suisse, L’atelier de Courbet

 

1862-1863 : L’ atelier de Gleyres                       

                       Le Salon des Refusés (1863) et la réorganisation de l’Ecole des Beaux-Arts

 

1864-1866 : Nouveaux Salons : succès et déceptions des impressionnistes

 

1866-1868 : Zola critique d’art

                       Nouvelle exposition universelle

                       Plans pour une exposition du groupe

                       De nouvelles difficultés pour Monet

 

1869-1870 : Réunions au café Guerbois

                       Estampe japonaise

                       « La Grenouillère »

 

1870-1871 : Le Salon de 1870, dernier du 2nd Empire

                       La guerre franco-prussienne, la Commune et l’avènement de la IIIe République

                       Monet et Pissarro à Londres

 

1872-1873 : Les années d’après-guerre

                       Un nouveau Salon des Refusés (1873)

 

1873-1874 : Première exposition de groupe (1874)

                       et l’expression « impressionnisme » s’impose

 

1874-1877 :  Caillebotte et Chocquet, deux nouvelles aides pour le groupe

                       Vente aux enchères et nouvelles expositions

                       Premier écho à l’étranger

 

1877-1879 : Le café « Nouvelle-Athènes », nouveau lieu de rencontres

                       Renoir, Sisley et Monet au Salon

                       Huysmans, un nouveau critique d’art

                       Sérieuses divergences d’opinions dans le groupe

 

1880-1883 : Nouvelles expositions de groupes et nouvelles divergences d’opinions

                       Mort de Manet (1883)

 

1883-1885 : Malaise et doutes

                       Gauguin à Copenhague

                       Apparition de Surat et de Signac

                       Création de la Société des Indépendants (1884)

 

1886 :             Huitième et dernière exposition impressionniste

                       Premiers succès du mécène Durand-Ruel en Amérique

 

 

Annexe 2 :

 

Participation aux expositions de groupes :

 

  

1874

1876

1877

1879

1880

1881

1882

1886

Béliard

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*

  

  

 

 

 

 

Bracquemond F

*

 

 

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*

 

 

 

Bracquemond M

 

 

 

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Caillebotte

 

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*

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Cals

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Cassatt

 

 

 

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Cézanne

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Degas

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Forain

 

 

 

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François

 

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Gauguin

 

 

 

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Guillaumin

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Lebourg

 

 

 

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*

 

 

 

Lepic

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*

 

 

 

 

 

 

Levert

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*

 

*

 

 

 

Monet

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*

*

 

 

*

 

Morisot

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*

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Ottin L. A.

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*

 

 

 

 

 

 

Piette

 

 

*

*

 

 

 

 

Pissarro C.

*

*

*

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*

*

*

*

Raffaëlli

 

 

 

 

*

*

 

 

Renoir

*

*

*

 

 

 

*

 

Rouart

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*

*

*

*

*

 

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Sisley

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*

 

 

 

*

 

Tillot

 

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*

*

*

 

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Vidal

 

 

 

 

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*

 

 

Vignon

 

 

 

 

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Zandomeneghi

 

 

 

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*

 

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N’ont participé qu’une fois :

Astruc, Attendu, Boudin, Brandon, Bureau, Colin, Debras, Latouche, Lépine, Meyer, de Molins, Mulot-Durivage, de Nittis, Ottin A., Robert (1874), Desboutin, Legros, Millet J. B. (1876), Cordey, Franc-Lamy, Maureau (1877), Somm (1879), Pissarro L., Redon, Schuffenecker, Seurat, Signac (1886)

 

Source : Die Geschichte des Impressionismus de John Rewald, éditions « Dumont », 2001, p. 350-351.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Annexe 3 : « Impression, soleil levant », 1872, Monet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexe 4 : « Femme d’Alger », 1870, Renoir

 

 

Annexe 5 : « Camille en robe japonaise », 1876, Monet

 

 

Annexe 6 : « La Grenouillère », 1869, Renoir.

 

 

Annexe 7 : « La Grenouillère », 1869, Monet

 

 

 

 

 

Annexe 8 : « Madame Chocquet », 1875, Renoir

 

 

Annexe 9 : « Victor Chocquet », 1876/1877, Cézanne

 

 

Annexe 10 : « Les toits rouges », 1877, Pissarro

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexe 11 : « Dans la Salle à manger », 1884 Berthe Morisot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexe 12

Exemple de tableau pointilliste : « Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte », 1884-1886, Georges Seurat.


 



[1] Cf. annexe 11, « Dans la Salle à manger », 1884, Berthe Morisot

[2] Cette Société existe d’ailleurs toujours. Voir http://www.artistes-independants.fr .

[3] Cf. annexe 12.

[4] Grâce aux notes retrouvées de Zola, on sait que l’écrivain s’est effectivement inspiré des figures de Manet et de Cézanne pour son personnage.

[5] Exposition Wie das Licht auf die Leinwand kam, soit « comment la lumière vint à la toile »

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C
<br /> Voir mon blog(fermaton.over-blog.com)No.7- THÉORÈME QUANTIQUE. - L'Impressionnisme et la Physique Quantique.<br />
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V
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Un bel article sur l'impressionisme. Je tenais juste à rectifier, il s'agit de Monsieur et madame CHOCQUET, et non pas choquet. Ce Mr Chocquet célèbre mécène et ami de Renoir et Cézanne, fait<br /> partie de mes ancêtres, je manque encore de pas mal d'éléments me permettant de reconstituer plus concrètement sa vie. Si vous en avez davantage, merci de m'en informer.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> merci pour la remarque, je vais corriger l'erreur tout de suite. Je n'ai malheureusement pas d'informations particulières sur votre ancêtre. Mais je me souviens très bien de ce mécène, qui<br /> m'avait beaucoup marqué par sa simplicité alliée à sa sensibilité de précurseur, amoureux de l'art et qui a beaucoup aidé les impressionnistes, et ceci alors qu'il ne disposait pas, me<br /> semble-t-il, de ressources financières bien grandes. Désolé d'avoir écorché son nom de famille !<br /> <br /> <br /> Clément Serniclay<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> Bonjour et merci,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vous le citez tout de même dans l'exposition de 1874.<br /> <br /> <br /> Sinon, ils en parlent ici :  http://www.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/decouvrir/expositions/impressionnisme/theme_impr.htm<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> C'est exact, il m'était sorti de la tête, car je l'ai juste cité parmi les peintres qui n'ont exposé qu'une seule fois dans le groupe. On peut trouver quelques images de ses tableaux sur<br /> Internet, mais assez peu semble-t-il, comme ici http://en.expertissim.com/paintings/emilien-mulot-durivage-19th-century-river-s-edge-o521209.html ou ici<br /> http://www.artnet.fr/artists/lotdetailpage.aspx?lot_id=A776EB947790123B4C513DBC0C0CB8EB<br /> <br /> <br /> Et selon ce site, il aurait aussi participé en 1882 (7e et avant-dernière exposition du groupe). Il faudrait que je vérifie dans le livre de Rewald.<br /> <br /> <br /> Bien à vous.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> J'ai dans mes notes (familiales) que Émilien Mulot Durivage aurait participé à 2 expositions, en 1874 et en 1882.<br /> <br /> <br /> Merci d'avance pour votre réponse.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> je ne me rappelle pas avoir vu ce nom quelque part, et à ma connaissance il n'y a pas de trace de ce mon dans l'ouvrage de Rewald, mais je ne l'ai pas sous les yeux. Je peux éventuellement<br /> reconsulter l'ouvrage et regarder dans l'index. En tout cas, ce nom n'apparait pas dans la liste des participants aux expositions que Rewald donne en fin d'ouvrage.<br /> <br /> <br /> Bien à vous<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Finalement, les annexes ne sont pas passées. Je les remettrai peut-être plus tard. Sinon on les trouve facilement sur Internet (Wikipedia par exemple).<br /> <br /> <br /> <br />
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